Puisqueque nous suivons tous l'actu, peut on avoir des nouvelles rassurantes de jerba?
“Ce qui s’est passé dernièrement à Djerba est à la fois inquiétant et instructif, pour ceux qui veulent bien s’instruire par la juste analyse des choses plutôt que de chercher à instruire (dans les deux sens du mot) dans le sens de l’inculpation de la différence à coups de vérités falsifiées. Qu’importe le parti ou les militants qui ont été agressés et empêchés de profiter de leur droit à l’existence et à la pratique citoyennes ; l’important est que la Tunisie dite « révolutionnaire », par certains dirigeants vraiment interposés ou par quelques hommes de main qu’on soupçonne (le moins qu’on puisse dire) d’être à leur service et à leur solde, est en train de se faire construire sur le principe de l’exclusion et de la ségrégation. Qu’importe qui a agressé et fait obstacle à des tiers d’agir dans leurs droits citoyens les plus légitimes ; l’important est que certaines gens, dans cette Tunisie paisible que la bêtise d’une minorité a conduite à l’éclatement, ces gens dont on ne sait s’ils ont plus ou moins de mérite dans ce qui s’est passé mais qui ont une lourde responsabilité dans ce qui se passe, ces gens donc ne se trouvent plus d’autre rôle que de bloquer le processus démocratique souhaité (qui paraît de plus en plus comme une vraie chimère), d’instaurer la violence comme seul langage d’échange dans la société, un dialogue qui finira par conduire les uns et les autres, victimes et bourreaux, à se cogner les têtes, les unes contre les autres, dans une hystérie généralisée qui n’a rien d’une paisible vie dans une société qui se respecte, pace que bâtie sur la valeur du respect. Aujourd’hui, j’ai envie de pleurer Djerba, l’île de mes ancêtres, cette île qui a toujours symbolisé un espace de croisement et d’échange, un cadre de fascination et d’inspiration ! Cette île où toutes les religions ou presque ont pu élire domicile et où les différentes populations ont pu trouver asile pour fuir les affres de la bêtise humaine. Une île de paix et de beauté, l’île des Lotophages ! Ainsi sont ces bonnes et honnêtes gens de Djerba, si bien que quand la violence des autres les envahit, ils sont capables de retrait pour laisser les carnivores se dévorer. Ainsi fit mon ancêtre dans le cafouillis de la dernière décennie du XVIII° siècle ! Ainsi me paraissent ces Djerbiens d’aujourd’hui soudain envahis par un conflit qui n’est pas tellement le leur, dans leur manière de voir le vivre-ensemble, mais qu’on cherche à leur attribuer par la force des choses et par une violence imposée à l’Histoire. C’est la mémoire de leur grand militant Salah Ben Youcef qui est exploitée à tous bouts de champ par des parties politiques pour s’attaquer à leurs adversaires, au lieu de le faire à coup de programmes politiques fiables et raisonnables. Ces parties politiques ont l’air d’oublier que la première vraie habilitation du rival de Bourguiba, son frère-ennemi, a été réalisée par Ben Ali, qui n’en avait pourtant pas fait une arme politique ! Pourquoi donc aujourd’hui voudrait-on souiller la mémoire de ce grand militant (indépendamment des conflits politiques historiques qui ont fait leur temps) par le sang des Tunisiens et par une haine qui cherche à les séparer jusqu’à les pousser à s’entretuer ?”
car ceux qui ont été "otages" n'en sont pas encore remis 