
L'île Maurice fait face à un défi de taille : celui de l'eau et de l'électricité. À l'approche de l'été, entre crise énergétique annoncée, pannes occasionnelles dans différents endroits et coupures d'eau fréquentes, le quotidien peut vite se compliquer. Voici comment anticiper et adopter les bons réflexes quand les robinets et les interrupteurs font des caprices.
Électricité : un réseau fragile
Maurice n'est pas épargnée par les défis de production et de distribution d'énergie. Le 3 octobre dernier, le Central Electricity Board (CEB) a subi des pannes d'équipements : deux moteurs ont connu des pannes, causant un déficit de 55 MW sur le réseau national. Cela équivaut à la consommation d'environ 150 000 foyers. Le CEB demande donc à la population de faire preuve de collaboration. Les ménages comme les entreprises sont invités à limiter les usages non essentiels pour consommer de façon responsable.
Le CEB a mis en place un système d'alerte gradué, qui a permis d'économiser 12 à 15 MW lors de la dernière alerte.
Voici donc les recommandations pour limiter l'impact et éviter les coupures tournantes :
- Réduire la consommation d'énergie non essentielle entre 18 h et 21 h.
- Déplacer les activités les plus énergivores en dehors des périodes de forte demande.
- Mieux optimiser la climatisation et l'éclairage.
À la veille de l'été, la tension monte : la demande approche des limites de capacité. L'heure est donc à la prudence. Pour connaître l'état du réseau et les éventuelles coupures en cours, consultez la page officielle du CEB dédiée aux interruptions de service :Â
Maurice prévoit de répondre au déficit par une centrale flottante au combustible lourd, pour environ 90-110 MW, opérationnelle dès janvier 2026.
Le gouvernement mauricien s'est fixé un objectif ambitieux : atteindre 60 % d'énergies renouvelables d'ici 2030. Mais dans un territoire insulaire soumis aux aléas climatiques, aux limites d'infrastructures et à une demande croissante, le chemin reste semé d'embûches.
Le mix énergétique actuel dépend encore fortement du charbon et du pétrole : les renouvelables sont en croissance mais restent minoritaires dans la matrice. Il y a donc un risque de délestages, de coupures ponctuelles, et une baisse de la tension aux heures de pointe.
L'eau : une ressource sous pression
Maurice oscille entre des périodes de grande sécheresse et de fortes pluies. L'île reçoit en moyenne 2000 mm de pluie par an, mais moins de 10 % de cette eau est effectivement captée et stockée. Les raisons ? Mauvaise gestion des bassins versants, fuites sur les canalisations et infrastructures vétustes. Des zones entières peuvent donc rester sans eau plusieurs jours, en particulier en période sèche. Les réserves d'eau, les barrages et les nappes phréatiques sont mis à rude épreuve.
Les restrictions (pas d'arrosage, pas de lavage de voiture, etc.) deviennent plus fréquentes, et les camions-citernes ne suffisent pas toujours. Les coupures non annoncées deviennent vite stressantes si vous n'avez pas de citerne ou de solution de secours. Mieux vaut anticiper.
Et les cyclones dans tout ça ?
De novembre à avril, Maurice entre en saison cyclonique. Si l'île est relativement épargnée ces dernières années, un passage de cyclone peut provoquer des dégâts lourds sur le réseau électrique et l'alimentation en eau. Toitures arrachées, routes inondées, arbres tombés sur les lignes… Certaines régions peuvent être sérieusement touchées pendant plusieurs jours.
Lors d'une alerte 2 ou 3, les commerces ferment, les déplacements sont interdits et il n'est pas rare de vivre plusieurs jours sans courant ni eau. Il est donc important de prévoir une autonomie minimale en eau potable, énergie et alimentation… et de bien s'assurer que votre logement est conforme aux normes de sécurité cyclonique (volets, toiture, étanchéité, etc.).
Les 7 installations prioritaires à prévoir chez soi
Avant de poser vos rideaux ou de choisir votre four, voici les équipements essentiels à envisager pour transformer votre logement en bastion de confort :
1. Un réservoir d'eau (citerne)
Obligatoire si vous vivez dans une zone sujette aux coupures. Certains quartiers n'ont de l'eau que 1 jour sur 3.
2. Un système de récupération d'eau de pluie
Bonus : la Mauritius Commercial Bank (MCB) propose un Rainwater Harvesting Scheme financé par des prêts à faible taux et des subventions.
FinClub, de son côté, offre un Green Loan finançant jusqu'à 100 % des coûts d'installation, avec 15 % de crédit d'impôt.
3. Une pompe + filtre
Indispensables pour utiliser l'eau stockée (ou de pluie) dans la cuisine ou la salle de bain.
4. Un générateur ou onduleur (UPS)
Pour faire face aux microcoupures et aux pannes prolongées, surtout si vous travaillez à distance.
5. Des panneaux solaires + batterie
Avec plus de 300 jours de soleil par an, un chauffe-eau solaire est un investissement malin et durable. Certaines aides ou déductions fiscales sont disponibles selon votre fournisseur ou votre assureur. C'est un investissement rentable sur le long terme, avec une revente possible du surplus d'énergie à l'État.
6. Des éclairages LED portables + powerbanks
Simples mais précieux en cas de panne nocturne ou de cyclones.
7. Des systèmes économes en eau et électricité
Robinets à mousseur, pommeaux de douche à débit réduit, climatiseurs inverter, électroménager classé A+++.
Les astuces pour gérer les coupures
Même bien équipé, il faudra s'adapter. Voici quelques réflexes utiles :
- Remplir ses réservoirs tôt le matin (l'eau revient souvent entre 4 h et 7 h).
- Décaler les lessives, douches et arrosages hors heures de pointe.
- Stocker de l'eau potable en bidons hermétiques.
- Anticiper les alertes cycloniques avec une check-list prête : charge des batteries, et remplissage des réservoirs.



















