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Noël à Maurice : réinventer les fêtes loin de l'hiver

famille sur la plage
travnikovstudio / Envato Elements
Écrit parLaura Barangerle 18 Décembre 2025

À Maurice, Noël ne sent pas le sapin… mais plutôt le barbecue. Et il suffit d'une seule saison passée dans l'hémisphère Sud pour comprendre à quel point les fêtes, ici, ont une saveur différente. Celle d'une chaleur moite, des letchis et des plages bondées de familles. Nous avons demandé à plusieurs expatriés installés à Maurice de nous raconter leur premier Noël sous les tropiques. Voici leurs récits, leurs surprises et ce qu'ils n'échangeraient pour rien au monde.

Premier Noël en famille à Maurice : un événement qui marque les esprits

Installée dans le nord de l'île avec son conjoint mauricien, Albane a découvert Noël en version tropicale dès sa première année à Maurice. Entre traditions qu'elle tente de préserver et nouveaux rituels, son 25 décembre ne ressemble plus du tout à celui qu'elle connaissait en France.

Son premier 25 décembre à Maurice a été marqué par la Covid : « Une migraine terrible due au Covid ! Mais le jour J a commencé sur la plage, autour d'une fondue bourguignonne de viande de cerf, organisée par une famille, face au lagon bleu turquoise ! »

Son choc culturel préféré : « On a un peu du mal à croire qu'on fête réellement Noël sans le froid. Ce qui m'a surprise, c'est l'abondance de fruits de mer dans les plats de Noël. Ça change du foie gras et de la dinde. C'est aussi plus difficile de s'octroyer un vrai sapin, et beaucoup de familles ont des sapins en plastique. »

Ce qui l'a le plus déstabilisée : « On imagine moins le Père Noël avec sa grosse barbe et son manteau rouge sous les tropiques. Mais les enfants y croient et c'est ce qui compte. Après, tout dépend des traditions de Noël de chacun. La mienne en France était d'aller à la messe de minuit (à 20 h) et de finir la soirée autour d'un feu de cheminée à savourer une soupe de marrons traditionnelle et des spécialités de ma région. C'est difficilement reproductible ici, mais la joie est la même ! J'ai essayé au maximum de conserver les traditions qui comptaient pour moi : installer une crèche chez moi, avoir un petit sapin et décorer la maison, participer à un office religieux pour Noël, marquer le coup de la journée avec des cadeaux, une bûche maison et de bons plats.»

Ce qui lui manque le plus : « La chaleur d'un feu de bois en pleine campagne peut manquer. Mais rapidement, une belle sortie en bateau sous un temps radieux avec les nouveaux maillots de bain colorés tout juste reçus est de mise. Et on se dit qu'on a quand même beaucoup de chance ! Je dirai que malgré tout, cette ambiance hivernale accompagnée de chants traditionnels peut donner une certaine nostalgie.»

Ce qu'elle adore à Maurice : « L'ambiance est festive. Il y a un air de grandes vacances étant donné qu'on est en plein été. Ce n'est pas du tout reposant. Ce sont les vacances les plus épuisantes de l'année, mais on en ressort bronzé, boosté de vitamine D et paré à affronter la rentrée. »

Un Noel pieds dans l'eau et pas dans la neige

Établie à Tamarin depuis un an et demi, Marine a vécu son premier Noël loin de sa famille l'année dernière. Elle a très vite adopté ce Noël en plein été.

Son premier 25 décembre à Maurice : « Le 25, je m'en souviens très bien. Ma meilleure amie m'a appelée pour me souhaiter un joyeux Noël. Elle m'a montré son jardin sous la neige. Et moi je lui ai montré l'arbuste qu'on avait décoré dans le jardin. Elle m'a beaucoup enviée ! Tellement d'ailleurs que cette année elle sera là pour les fêtes. Comme c'était mon premier Noël loin de ma famille, j'ai enchaîné pas mal d'appels et de visios avec mes proches. Ensuite, on est allé se baigner. C'était bizarre d'avoir les pieds dans la mer un jour de Noël ! L'après-midi, on a rejoint des amis pour un barbecue. Ça ne ressemblait en rien à un Noël classique. Mais c'était joyeux. Ça m'a plu dès la première année. »

Son choc culturel préféré : « Le contraste entre les décorations hyperoccidentales et la météo. J'avoue que voir des bonshommes de neige gonflables ici, ça m'a fait beaucoup rire. »

Ce qui l'a le plus déstabilisé : « En Europe, décembre est une période où tout ralentit : on reste bien au chaud sous la couette, on tricote, on fait des soupes. Ici, c'est l'inverse : tout s'accélère ! Les gens sortent ; on entend de la musique partout. Il y a une ambiance particulièrement festive à Maurice. »

Ce qui lui manque le plus : « Ce qui me manque le plus, ce sont les marchés de Noël traditionnels où on se réchauffe les mains avec un bon vin chaud. Ici, on va plutôt se baigner dans la mer pour se rafraîchir. Mais on y prend goût. En tout cas, les fêtes dans le froid de la Belgique ne me manquent pas vraiment. Je suis venue vivre ici pour fuir l'hiver qui est rude chez nous. Alors je suis bien contente de profiter de la chaleur et du soleil.»

Ce qu'elle adore à Maurice : « La simplicité ! Les fêtes sont bien moins commerciales et plus familiales, je trouve. On regarde le feu d'artifice depuis la plage. Et franchement, c'est difficile de faire mieux. »

Un rythme plus détendu

Arrivé à Maurice il y a 4 ans, Nicolas s'est installé dans la fraîcheur (relative) de Curepipe avec sa compagne. Il a fait des rencontres qui ont marqué ses débuts sur l'île.

Son premier 25 décembre à Maurice : « On est arrivé à Maurice début novembre 2021. On ne connaissait pas grand monde à l'époque. On avait bien sympathisé avec Gaël, l'agent immobilier qui nous avait aidés à trouver une maison en location. Le 24, on s'est fait une bonne fondue en amoureux. Et le 25, on a rejoint Gaël et sa famille sur la plage d'Albion. On était une trentaine et c'était vraiment sympa. Je garde de super souvenirs de ce premier Noël ici. On a vraiment eu le sentiment de faire partie de la famille. Quand on vient de débarquer et de tout quitter, c'est vraiment précieux. Et cette année comme les années d'avant, on sera encore tous ensemble sur la plage le 25, autour d'un bon barbecue. C'est devenu une tradition pour nous.»

Son choc culturel préféré : « La façon dont tout le monde vit Noël sans urgence. En Suisse, en décembre, c'est une course : cadeaux, déco, repas, invitations, tout est planifié et millimétré. À Maurice, j'ai découvert un Noël où personne ne stresse. Les gens préparent quelque chose à manger et se retrouvent en famille ou entre amis, sans chichi. Ce relâchement total m'a vraiment marqué. »

Ce qui l'a le plus déstabilisé : « Le plus déstabilisant, c'est qu'il n'y a pas de transition. En Suisse, on sent Noël arriver avec les marchés, les lumières, la nuit qui tombe très tôt, le froid qui pique et les vitrines décorées. Ici, tu peux avoir zéro indice que Noël approche. Tu vas faire tes courses sous 30 °C, et d'un coup tu tombes sur un sapin en plastique. Ça fait un peu “Noël téléporté”.»

Ce qui lui manque le plus : « C'est l'atmosphère. Ça, je ne la retrouve pas ici. Mais on essaye de recréer certaines choses. Ça choque pas mal de gens de faire ça ici, mais nous, même en plein mois de décembre, on mange une fondue. Des fois, on ramène du fromage de Suisse. Ou alors, ce sont des amis qui viennent en vacances et nous en ramènent. Et sinon, on arrive à en trouver ici. C'est notre petit plaisir. Et évidemment un bon vin blanc pour aller avec.»

Ce qu'il adore à Maurice : « Le mélange des cultures. Ici chacun célèbre à sa manière, mais tout le monde respecte et partage. Il y a une bienveillance qu'on ne trouve pas partout. Je trouve ça génial. »

Loin du froid, près de la chaleur humaine

Après une vie entière passée dans les hivers québécois, Marie-Ève a découvert à Maurice un Noël sans neige, sans bottes, mais rempli de chaleur humaine.

Son premier 25 décembre à Maurice : « Le premier Noël ici, j'étais un peu déprimée d'être loin de mes proches. Le 25 au matin, mon copain m'a proposé d'aller marcher sur la plage. Franchement, je n'en avais pas trop envie. Chez nous, on ne marche pas le 25. On reste en pyjama et on mange les restes de la veille. On est allé se promener pour se changer les idées. Au début, ça n'a pas aidé, parce que j'ai vu plein de familles réunies et ça m'a rappelé ma famille qui est loin. Mais on a fait plein de belles rencontres ce jour-là. Tout le monde était joyeux et nous souhaitait Joyeux Noël. On a même passé tout un moment à danser avec des gens qui jouaient de la musique. Donc j'ai fini par retrouver l'esprit de Noël avec toute cette générosité et cette joie. C'est sûr que le décor et la forme changent. Mais le fond reste le même. »

Son choc culturel préféré : « Au Québec, à Noël, on dégage le perron, on sort les bottes, la tuque et les mitaines. Et on déneige sa voiture pour aller voir la famille. Ça n'a vraiment rien à voir avec ici. Chez nous, c'est très cocooning. Ici, c'est dehors. Ça ressemble à un party de fin d'été. C'est vraiment surprenant, mais super chaleureux. »

Ce qui l'a le plus déstabilisée : « Les contrastes. Au Québec, tu sors dehors en décembre : tu gèles. Tu rentres chez ta famille : tu dégèles. Dehors, tout est blanc. Et à l'intérieur, tout est coloré. Ici, tu sors : il fait chaud. Tu rentres : il fait chaud. Et il y a des couleurs partout, tout le temps. J'ai eu du mal à savoir quand j'étais censée sentir “l'esprit de Noël”. 

Ce qui lui manque le plus : « J'avoue que mon pays me manque un peu plus à Noël que le reste de l'année. Le froid, le décor, la neige, les lumières partout. Mais ce n'est pas ça qui me manque le plus. Ce sont les moments qu'on passe en famille. Je suis toujours un peu nostalgique et triste à cette période. Je rêve de faire une surprise à ma famille un jour et de débarquer pour Noël. Mais le Québec, c'est à l'autre bout du monde. Et c'est la période de l'année où les billets d'avion sont très chers, alors ce n'est pas évident. Un jour peut-être ! »

Ce qu'elle préfère à Maurice : « À Montréal, la période des fêtes, c'est la course. Les centres commerciaux sont bondés ; ça grouille dans tous les sens. Les métros débordent et les magasins aussi. Rien que de sortir acheter un cadeau, c'est une expédition. Et puis, j'ai une grande famille. Donc beaucoup de cadeaux à faire. J'adorais aider ma mère à préparer le repas de Noël ; c'est un vrai moment mère-fille. Mais cuisiner et préparer la maison pour accueillir tout le monde, c'est une grosse mission. On avait toujours peur de manquer de quelque chose, ou pire : d'avoir oublié le cadeau de quelqu'un. À Maurice, tout ça disparaît. Ici, c'est plus cool, plus relax. Moins chorégraphié. Personne ne se prend la tête. Chacun ramène un plat, une boisson, une salade, un dessert. On met tout sur la table, on se sert, on discute, on rit et on profite. Il y a plus de légèreté dans les fêtes mauriciennes. Une sorte de “on est ensemble et c'est ça qui compte” qui fait beaucoup de bien. J'ai l'impression que tout le monde ralentit au lieu d'accélérer. »

Passer les fêtes à Maurice, ce n'est pas renoncer à Noël. C'est le réinventer. Les traditions changent, les décors changent, parfois le sapin aussi… Mais ce que les expatriés racontent, c'est surtout une sensation nouvelle : celle de vivre Noël en version « grandes vacances », avec la lumière, la mer, la famille et l'émerveillement de se dire :  « On fête Noël… Mais on est en été. » Et au fond, ce décalage délicieux ne ferait-il pas partie de la magie ?

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A propos de

Globe-trotteuse dans l’âme, j'aime donner vie aux idées, aux histoires et aux rêves les plus fous. Aujourd’hui installée à l’île Maurice, je prête ma plume à 󿧸ӰԺ et à d’autres projets inspirants.

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